
Contre toute attente, les « haltes soins addictions », plus connues sous le nom de salles de shoot, ont obtenu un sursis inespéré. Ces structures, mises en place à titre expérimental en 2016 à Paris et Strasbourg, étaient destinées à fermer leurs portes en fin d’année. Cependant, les députés ont voté, tard dans la soirée de samedi, une prolongation de l’expérimentation jusqu’au 31 décembre 2027, une décision qui ne manquera pas de raviver les débats.
Cet amendement, porté par une alliance transpartisane (LIOT-Parti socialiste-Ecologistes), a curieusement reçu l’aval de la ministre de la Santé, Stéphanie Rist. Malgré des évaluations prétendument positives en termes de santé publique, la ministre a elle-même souligné des lacunes majeures. Des améliorations sont nécessaires concernant la coordination entre acteurs, les parcours de prise en charge et la contribution à la veille sanitaire. Autant d’aveux qui justifient, selon elle, le maintien de ces salles au stade expérimental, laissant planer un doute persistant sur leur efficacité réelle et leur intégration dans le système de santé.
Le destin de cette prolongation reste suspendu à l’avenir du projet de loi, qui s’annonce aussi tumultueux que les débats budgétaires. Tandis que des voix s’élèvent à gauche pour étendre ce dispositif controversé, de nombreux professionnels de santé ont mis en garde contre une fermeture, la qualifiant de « signal dramatique » et de « faute morale ». Pourtant, la question demeure : cette prolongation n’est-elle qu’un pansement sur une plaie ouverte, un report d’une décision difficile qui aurait dû être prise il y a bien longtemps ? L’expérimentation prolongée ne fait que repousser l’échéance d’une véritable prise de position sur la gestion de la toxicomanie en France, laissant la situation dans une incertitude regrettable.






