
Beaucoup se lancent dans la création d’une SCI familiale avec l’illusion d’une gestion simplifiée, mais la réalité est souvent bien plus complexe et risquée. Contrairement à une idée répandue, la tenue d’une comptabilité peut devenir une véritable épée de Damoclès au-dessus de la tête des gérants, exposant la société à des risques fiscaux majeurs. Ignorer ces obligations, même minimes, peut avoir des conséquences désastreuses.
Initialement, une SCI à l’impôt sur le revenu (IR) ne requiert pas une comptabilité d’engagement lourde, se contentant souvent d’une comptabilité de trésorerie simplifiée, un simple suivi des recettes et des dépenses. Cependant, cette apparente légèreté ne doit pas masquer les cas où une rigueur implacable devient impérative. Si la SCI atteint des seuils significatifs (bilan annuel supérieur à 1,55 million d’euros, chiffre d’affaires supérieur à 3,1 millions d’euros ou plus de 50 salariés), si elle opte pour l’impôt sur les sociétés (IS), ou si un associé est déjà soumis à l’IS, la comptabilité commerciale devient alors obligatoire, avec son lot de livres comptables, bilans et comptes de résultat. Une erreur fatale pour les non-avertis.
Malgré l’absence d’obligation formelle pour les petites SCI à l’IR, la tenue d’une comptabilité, même sommaire, est cruciale. Le gérant a l’obligation de rendre compte de sa gestion annuellement aux associés, une tâche impossible sans un suivi rigoureux. Pire encore, l’absence de traçabilité financière expose la SCI à un contrôle fiscal impitoyable. L’administration pourrait remettre en question la « non-fictivité » de la société si aucune preuve d’activité réelle n’est fournie, entraînant des redressements et des pénalités sévères.
Le suivi des comptes courants d’associés, souvent utilisé pour financer la SCI, est un autre point de friction potentiel. Une gestion négligée peut transformer ces apports en un véritable casse-tête, rendant leur traçabilité quasi impossible et générant des conflits entre associés. En fin de compte, la prétendue simplicité de la SCI familiale est un leurre qui peut rapidement se transformer en un cauchemar administratif et financier pour ceux qui sous-estiment la nécessité d’une gestion comptable et fiscale irréprochable. La prudence est de mise, et l’accompagnement d’un professionnel, bien que non obligatoire, est souvent la seule voie pour éviter le désastre.