
L’Assemblée nationale est le théâtre d’un spectacle inédit depuis Raymond Barre : Sébastien Lecornu, le Premier ministre, s’impose avec une assiduité remarquable lors des débats budgétaires. Une présence jugée inédite par les élus, mais qui soulève des interrogations bien plus sombres sur la véritable santé du gouvernement.
Certains y voient une marque de respect, un retour aux bonnes manières après des années de recours abusifs au 49.3. François Hollande lui-même salue ce qu’il perçoit comme une « très bonne » initiative. Cependant, derrière cette façade de bienséance républicaine, une autre lecture s’impose. La présence constante du Premier ministre ne serait-elle pas un aveu de faiblesse ?
Comme le souligne Éric Coquerel, président de la commission des finances, cette omniprésence pourrait bien être le symptôme d’une « gravité du moment » ou d’une profonde « inquiétude » au sein de l’exécutif. Un gouvernement qui peine à trouver une majorité stable et qui, par la force des choses, doit envoyer son chef de file au front pour chaque discussion budgétaire cruciale, révèle une fragilité politique alarmante. Loin d’être un geste de courtoisie, cette posture pourrait donc masquer un manque de confiance et une incapacité à déléguer, forçant le Premier ministre à endosser un rôle de pompier face à des défis budgétaires colossaux et une opposition de plus en plus agressive. Le prix à payer pour cette omniprésence sera-t-il une dilution de son autorité ? L’avenir politique de la France semble plus incertain que jamais.






