
La prétendue « rupture » claironnée par Sébastien Lecornu, nouveau locataire de Matignon, ressemble étrangement à une amère farce. À peine installé, le premier ministre se noie déjà dans un océan de méfiance et de discrétion forcée, incapable de dévoiler la moindre intention sans provoquer une levée de boucliers. Son objectif de rétablir un climat de confiance avec les forces politiques et syndicales pour un budget de compromis d’ici le 31 décembre semble s’éloigner à grande vitesse, menaçant de plonger le pays dans une nouvelle crise.
Le fiasco est d’autant plus patent que la CFDT, pourtant réputée pour son pragmatisme, a sèchement rejeté l’idée d’un nouveau « conclave » sur les retraites. Échaudée par l’intransigeance du précédent gouvernement et des employeurs, la centrale syndicale exige ni plus ni moins que la suspension pure et simple de la réforme Borne. Une gifle magistrale pour Lecornu, qui voit ses tentatives de dialogue s’écraser sur le mur de l’expérience passée. La déclaration de la CFDT, cinglante, souligne l’incapacité du pouvoir à bâtir des solutions solides sur des échecs répétés.
Pendant ce temps, les oppositions, de la gauche radicale à l’extrême droite, affûtent leurs armes. Les menaces de censure et même de destitution planent sur un exécutif qui, malgré ses promesses de « changements majeurs », incarne avant tout une continuité troublante. La « rupture » annoncée par Lecornu apparaît de plus en plus comme un simple rideau de fumée, masquant une impuissance structurelle à réformer et à fédérer. La crise de confiance est profonde et le gouvernement semble mal parti pour la surmonter.