
Longtemps considérés comme des piliers de la discrétion familiale, les secrets de famille sont aujourd’hui au cœur d’un débat houleux. Serge Tisseron, expert reconnu, met en lumière les traumatismes profonds et les conséquences inavouables qui pèsent sur les générations, révélant une réalité bien plus sombre que la simple pudeur. La sacro-sainte omerta, souvent perçue comme protectrice, se transforme en un véritable fléau, minant les fondations des relations familiales et engendrant des souffrances silencieuses.
La définition même d’un secret de famille dépasse la simple absence de communication. Il s’agit d’un événement douloureux, intentionnellement occulté, dont l’existence même est niée. Les familles qui affirment « chez nous, il n’y a pas de secret » sont souvent celles qui en sont les plus gorgées, sous une couche de déni qui s’avère destructrice. Cette dissimulation, loin de protéger, engendre des non-dits toxiques qui se répercutent insidieusement sur les descendants, créant des failles psychologiques souvent inexplicables.
Le mythe selon lequel « certains secrets méritent de le rester » est particulièrement insidieux. Si les secrets personnels peuvent être un gage de liberté individuelle, les secrets de famille se transforment en chaînes invisibles. Ils pèsent lourdement sur l’équilibre mental des individus, pouvant provoquer angoisses, dépressions et troubles identitaires. Le silence devient alors une véritable prison pour ceux qui, sans le savoir, portent le poids d’un passé enfoui. La révélation de ces secrets, même tardive, est souvent la seule voie vers une véritable libération, brisant un cycle de souffrance qui perdure à travers les âges.
Ignorer cette réalité, c’est condamner les futures générations à hériter d’un fardeau invisible mais terriblement réel. La méthode proposée par Serge Tisseron, celle d’une révélation réfléchie et accompagnée, s’impose comme une nécessité pour déconstruire les mythes familiaux et permettre aux individus de se reconstruire loin de l’ombre des non-dits.