
La Serbie plonge dans une crise sans précédent alors que les manifestations anticorruption dégénèrent en violents affrontements. Des milliers de citoyens, excédés par la corruption généralisée, se heurtent désormais violemment à une police accusée de brutalité et à des partisans du pouvoir. Le pays, déjà fragilisé par la tragédie de Novi Sad en novembre 2024 (16 morts suite à l’effondrement d’un auvent), voit son avenir s’obscurcir sous le poids d’un gouvernement autoritaire.
Les rues de Belgrade sont devenues le théâtre d’une confrontation amère. Après des jours de tensions, des dizaines de blessés et d’arrestations, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes contre des manifestants. Pire encore, des groupes de partisans du président nationaliste Aleksandar Vucic, souvent masqués et armés, s’en prennent aux protestataires. Une situation explosive où chaque camp se rejette la faute des violences, tandis que les citoyens ordinaires, comme Zeljko, 46 ans, déplorent de vivre dans un pays sous répression policière.
Les accusations de violences policières et de collusions avec des groupes pro-gouvernementaux se multiplient. Des vidéos choquantes montrent la police frappant des manifestants non armés, tandis que les opposants partagent des images de blessés graves. Pourtant, le ministre de l’Intérieur, Ivica Dacic, rejette fermement ces allégations, évoquant plus de 120 agents blessés. Une rhétorique qui ne fait qu’alimenter la méfiance et la colère de la population. Nevena, 52 ans, résume le sentiment général : «Nous sommes complètement impuissants parce que la police est du côté des criminels. Ils ont pris l’État en otage.»
Le président Vucic, réélu en 2022 et proche de Vladimir Poutine, persiste à qualifier les manifestants de «terroristes» et refuse obstinément des élections anticipées, dénonçant un «complot étranger». Pendant ce temps, bien que le gouvernement ait été remanié et que des ministres corrompus aient été inculpés, la rue continue de réclamer justice et un changement profond. La Serbie, candidate à l’entrée dans l’Union européenne mais refusant de sanctionner Moscou, navigue à vue entre ses ambitions internationales et une crise interne de plus en plus incontrôlable.