
Après deux décennies de détention, Serge Atlaoui, condamné à mort en Indonésie pour trafic de drogue, bénéficie d’une libération conditionnelle. Une décision du tribunal de Melun qui soulève des questions, malgré un passé judiciaire lourd et une affaire aux multiples rebondissements. L’artisan soudeur de 61 ans, incarcéré en France depuis février, doit sortir de prison dans les prochains jours, mais à quel prix pour la justice française ?
Son avocat, Richard Sédillot, exprime une satisfaction palpable face à cet aboutissement, qualifiant le combat de « très long ». Serge Atlaoui, détenu depuis 2005, était éligible à la libération conditionnelle depuis 2011, une anomalie qui interroge sur la lenteur et la complexité du système. Le parquet de Meaux a validé cette libération, arguant un « absence de risque de réitération », une affirmation qui peut laisser perplexe compte tenu de l’accusation initiale de trafic de drogue.
Arrêté en 2005 dans une usine près de Djakarta, Atlaoui avait toujours clamé son innocence, affirmant n’avoir fait qu’installer des machines. Cependant, la Cour suprême indonésienne avait alourdi sa peine en 2007, le condamnant à la peine capitale. Échappant de justesse à l’exécution en 2015 grâce à une intense pression diplomatique, son transfert en France a confronté la justice à un dilemme inédit : adapter une peine de mort étrangère.
La justice française, incompétente sur le fond, a finalement opté pour trente ans de réclusion criminelle, la peine maximale pour la fabrication de stupéfiants en bande organisée. Une décision qui, si elle a évité la peine capitale, n’en reste pas moins un compromis discutable. Le fantôme de Robert Badinter plane sur cette affaire, son avocat saluant sa mémoire pour avoir orienté le dossier. Un dénouement qui, pour certains, marque plus une défaite qu’une victoire pour la rigueur judiciaire.