
Le monde de la mode, déjà impitoyable, révèle son côté le plus sombre. Des marques françaises émergentes, fières de leurs créations originales, sont désormais confrontées à un véritable fléau : la reproduction quasi-identique de leurs modèles par des géants de la fast fashion comme Shein et Temu. Ce qui était autrefois une simple inspiration se transforme en un pillage caractérisé, laissant les petits créateurs désemparés et impuissants.
Pauline Moisson, fondatrice d’Ambitieuse Upcycling, en a fait l’amère expérience. Son modèle phare, une blouse unique née de l’upcycling, s’est retrouvé bradé à 13 euros sur Shein, alors qu’elle le vendait 65 euros. La ressemblance est troublante, presque parfaite, et met en lumière une réalité glaçante : le vol pur et simple de la propriété intellectuelle. Pour Pauline, ce n’est pas seulement un design qui a été volé, mais l’essence même de son travail, ses valeurs écologiques et éthiques, anéanties par la soif de profit démesurée de ces plateformes.
L’indignation grandit parmi les créateurs. Blouses, robes, accessoires, rien n’échappe aux radars de ces conglomérats qui, selon les victimes, ne se contentent plus de copier les grandes marques. Désormais, ce sont les petites entreprises, celles qui incarnent l’innovation et la durabilité, qui sont ciblées. La lutte est inégale. Faute de moyens financiers et juridiques suffisants, ces jeunes pousses sont incapables de se défendre efficacement face à des empires dont le chiffre d’affaires se compte en milliards. Cette situation alarmante soulève une question cruciale : jusqu’où ira cette exploitation sans scrupules, et comment les créateurs pourront-ils survivre face à cette concurrence déloyale et destructrice ? La promesse de Pauline de « résister » sonne comme un cri d’alarme dans un désert juridique et économique.