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La nouvelle loi britannique sur la sécurité en ligne, censée protéger les mineurs, est déjà un fiasco. Contournements massifs et critiques acerbes minent une législation jugée inefficace et intrusive.

La nouvelle loi britannique sur la sécurité en ligne, censée protéger les mineurs des contenus pornographiques et nocifs, est entrée en vigueur le 25 juillet. Pourtant, cette législation tant vantée s’annonce déjà comme un échec cuisant, avec des failles béantes et une contestation croissante. Si l’objectif affiché est de stopper l’accès des enfants à des contenus inappropriés, la réalité sur le terrain est bien plus sombre et complexe.

Dès sa promulgation en octobre 2023, l’Online Safety Act a été présentée comme une mesure révolutionnaire. Elle impose aux plateformes, des géants comme Pornhub et Reddit aux applications de messagerie, de « supprimer rapidement ou empêcher la publication » de contenus dangereux, notamment ceux incitant au suicide ou à l’automutilation, et d’instaurer des contrôles d’âge stricts. Les entreprises risquent des amendes colossales, pouvant atteindre 10 % de leur chiffre d’affaires mondial, si elles ne se conforment pas. Environ 100 000 sites sont concernés par ces nouvelles exigences, un défi titanesque pour une mise en œuvre efficace.

Malgré l’urgence des statistiques, qui révèlent qu’en 2022, près d’un tiers des jeunes Anglais de 11 ans avaient déjà été exposés au porno, et même 10 % des enfants de 9 ans, la solution apportée par le gouvernement semble bien dérisoire. Les méthodes de vérification d’âge sont déjà largement contournées, les internautes les plus malins ayant trouvé des moyens simples de passer outre, notamment via l’utilisation de VPNs ou de fausses identités.

Les critiques fusent : certains estiment que la loi est un coup d’épée dans l’eau, voire une atteinte à la vie privée, transformant chaque connexion en un parcours du combattant pour prouver son âge. Plutôt que de s’attaquer aux véritables sources de diffusion de contenus choquants sur les réseaux sociaux, le texte se focalise sur les sites pour adultes, offrant une fausse impression de sécurité sans résoudre le problème de fond. En fin de compte, cette loi risque de se montrer inefficace pour les plus jeunes, tout en créant des désagréments inutiles pour les adultes, confirmant une fois de plus la difficulté de réguler le Far West numérique.