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L'opération « Portable en pause » est un échec cinglant, révélant la dépendance croissante aux écrans et les ravages de l'économie de l'attention sur notre productivité.

L’opération « Portable en pause », censée libérer les collégiens de l’emprise de leur téléphone, se solde par un échec retentissant. Malgré les bonnes intentions, l’initiative peine à convaincre, soulignant la dépendance alarmante des jeunes à leurs écrans. Cette incapacité à se déconnecter reflète une problématique bien plus large, celle de l’économie de l’attention qui nous manipule insidieusement.

La Direction générale du Trésor a récemment mis en lumière les effets pernicieux de cette économie vorace. Selon Solal Chardon-Boucaud, elle capte notre intérêt non pas pour nous informer, mais pour nous vendre, souvent à notre insu, des produits et services. Ce modèle économique pervers est le fondement de la plupart des plateformes numériques, dévorant notre temps, y compris durant nos heures de travail, où notre attention devrait être maximale.

Les chiffres sont accablants : certaines études révèlent que les salariés gaspilleraient entre vingt minutes et deux heures et demie de leur journée de travail à consulter leur smartphone pour des raisons personnelles. Ce constat alarmant, issu d’une analyse rigoureuse de la littérature scientifique, confirme l’ampleur du désastre. L’« économie de l’inattention », comme la décrivent les économistes Maya Bacache-Beauvallet et Françoise Benhamou dans leur ouvrage Négligences, prospère sur notre incapacité à nous concentrer, nous détournant de nos tâches essentielles et sapant notre productivité.

Face à cette réalité, l’échec de « Portable en pause » n’est qu’un symptôme d’un mal plus profond : une société incapable de se libérer des chaînes numériques. La tentative de déconnexion échoue, et avec elle, l’espoir d’une jeunesse plus attentive et moins asservie aux écrans. La question n’est plus de savoir si nous sommes dépendants, mais comment cette dépendance va continuer à ravager notre capacité d’attention et notre productivité.