
Dans une société où le contact humain semble se monnayer, la solitude gagne du terrain à une vitesse alarmante. Des enquêtes récentes révèlent un sentiment d’isolement « toujours plus fort » chez les Français, poussant certains à des extrémités impensables : louer des amis. Oui, vous avez bien lu. Une « copine » pour le cinéma, un « acolyte » pour une soirée, ou même une simple oreille attentive à l’heure. C’est le reflet d’une détresse croissante, masquée par des centaines d’« amis » virtuels sur les réseaux sociaux qui ne comblent manifestement aucun vide.
L’association SOS Amitié, témoin de cette déroute relationnelle, a enregistré un record effrayant de plus de 3,7 millions d’appels l’an dernier. Ce chiffre, à lui seul, devrait sonner l’alarme. Le dernier baromètre de l’Ifop pour l’association Astrée, datant de janvier 2025, enfonce le clou : l’isolement chronique, où les Français se déclarent « toujours » ou « souvent » seuls, dépasse le niveau d’avant la pandémie. Un constat cinglant qui prouve que le Covid n’a fait qu’accentuer des failles déjà béantes dans notre tissu social.
La situation est particulièrement alarmante chez les jeunes actifs de 25 à 39 ans, où plus d’un sur trois se sent seul, soit le double des personnes âgées de 60 à 69 ans. Paradoxalement, la digitalisation de la société, censée nous connecter, nous isole davantage. Le télétravail, bien que plébiscité, contribue à cette solitude professionnelle, avec 28 % des télétravailleurs fréquents déclarant une solitude chronique. Les échanges informels disparaissent, les liens se distendent, et la santé mentale des Français en subit les lourdes conséquences.
Cette marchandisation de l’amitié n’est pas seulement un signe de l’échec de nos interactions sociales, elle est aussi le symptôme d’une société où tout est à vendre, même ce qui devrait être inestimable. La France est confrontée à une crise profonde de la connexion humaine, où la convivialité est devenue un luxe, et le lien social une transaction. Il est temps de s’interroger sur le coût réel de cette dérive.