
La guerre au Soudan, déjà un désastre humanitaire qualifié de « pire crise humanitaire au monde » par l’ONU, prend une tournure encore plus sombre. Le gouvernement soudanais vient d’accuser ouvertement les Émirats arabes unis de financer et de parrainer des mercenaires colombiens pour combattre aux côtés des Forces de soutien rapide (FSR), le groupe paramilitaire responsable d’une part significative de l’horreur. Cette accusation, lourde de sens, intervient alors que le conflit a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et en a déplacé des millions, plongeant le pays dans un abîme de souffrance.
Malgré les dénégations d’Abou Dhabi, de nombreux rapports d’experts de l’ONU et d’organisations internationales pointent du doigt une implication émiratie dans le soutien aux FSR. Le ministère des Affaires étrangères soudanais affirme détenir des preuves irréfutables de la présence de ces combattants étrangers. Des mercenaires ont été signalés dans les rangs des deux parties, mais la présence de Colombiens est attestée depuis fin 2024, notamment dans la région dévastée du Darfour. Les Forces conjointes, une coalition alliée à l’armée, ont même rapporté la présence de plus de 80 mercenaires colombiens à El-Fasher, dernière ville du Darfour du Nord sous contrôle militaire, où plusieurs d’entre eux auraient été tués lors des récentes tentatives des FSR de s’emparer de la ville.
L’armée soudanaise a diffusé des vidéos, non encore vérifiées par des sources indépendantes, censées montrer ces « mercenaires étrangers ». Khartoum a déclaré avoir transmis ces éléments au Conseil de sécurité de l’ONU, et la Colombie aurait même exprimé des regrets quant à la participation de ses citoyens à ce conflit sanglant. Cette internationalisation du conflit, avec l’implication de combattants venus de loin, aggrave encore une situation déjà désespérée, transformant le Soudan en un théâtre de guerre par procuration où les vies des civils sont sacrifiées sur l’autel des intérêts étrangers.