
Face à une économie asphyxiée, le secteur culturel français est pris dans un étau budgétaire, menaçant de sombrer. Tandis que des élus locaux de tout bord, confrontés à des caisses vides, sabrent sans scrupule les aides aux structures culturelles, une poignée de responsables politiques osent encore lutter pour maintenir les crédits. Une résistance louable, mais qui peine à inverser la tendance alarmante : près de 50 % des collectivités territoriales ont déjà réduit leur budget dédié à la culture entre 2024 et 2025, une baisse qualifiée de « rupture historique » par les experts.
Cette hémorragie financière n’est pas sans conséquences. Elle pèse lourdement sur les associations culturelles, les laissant dans une colère et un découragement palpables. Nombre d’entre elles se sentent « méprisées », déplorant une absence totale de visibilité et des subventions inférieures aux promesses. Des régions comme les Pays de la Loire ont coupé drastiquement, jusqu’à 62 % des aides de fonctionnement, un coup de massue pour le secteur. L’Île-de-France a suivi avec une diminution de 20 % de ses crédits culturels en 2025, et l’Hérault a même supprimé la totalité des financements non obligatoires.
Les impacts sont déjà concrets et dévastateurs : annulations de projets, fermeture de lieux culturels et précarisation accrue des artistes et professionnels. Le monde de la culture, déjà fragilisé par la pandémie, est désormais confronté à une instabilité chronique, poussant les associations à chercher des stratégies de survie par l’hybridation des ressources. Pourtant, malgré la gravité de la situation, certains élus persistent à ignorer l’importance cruciale de la culture comme rempart contre le complotisme, les fausses nouvelles et la montée de l’extrême droite. En sacrifiant la création et l’émancipation par l’art, ils condamnent non seulement un secteur vital, mais aussi une partie essentielle de notre démocratie et de notre cohésion sociale.
Alors que le gouvernement cherche encore des dizaines de milliards d’euros d’économies, la culture apparaît comme une variable d’ajustement facile, trahissant un engagement qui se limite souvent à la posture. Cette descente aux enfers risque d’anéantir des années d’efforts pour rendre l’art accessible à tous, transformant la culture en un luxe réservé à quelques-uns et accentuant les inégalités territoriales.