La Société suisse de radiodiffusion et télévision (SRG SSR), le mastodonte public qui gère les chaînes nationales, s’apprête à un véritable carnage social. Pas moins de 900 équivalents temps plein vont être supprimés d’ici 2029, un sacrifice humain colossal pour atteindre un objectif d’économie de 270 millions de francs suisses (environ 290 millions d’euros). C’est le prix à payer pour survivre face à des décisions politiques désastreuses et un public qui tourne le dos aux médias traditionnels.
Selon la SRG SSR, ces coupes drastiques sont inévitables face aux « défis majeurs » imposés par le Conseil fédéral, qui a décidé de sabrer progressivement la redevance média. Une trahison pour le service public, qui voit ses ressources fondre comme neige au soleil. Le glissement inéluctable du public vers le numérique, bien que compréhensible, est également brandi comme une excuse pour justifier cette hécatomie. La directrice Susanne Wille ose affirmer que « les décisions politiques et le contexte ne nous laissent pas d’autre choix », tentant de faire passer la pilule d’un plan social dévastateur.
Le gouvernement avait déjà acté en juin 2024 une baisse de la redevance à 300 francs suisses (322 euros) d’ici 2029, jugeant la SRG SSR suffisamment nantie. Une insulte quand on sait que la population suisse doit à nouveau se prononcer en mars sur une proposition visant à réduire encore cette redevance à 200 francs (215 euros). Le débat sur le financement du service public est une plaie béante en Suisse, et les 72 % de votants qui avaient rejeté la suppression pure et simple en 2018 risquent de voir leur victoire amèrement gâchée.
Avec ses 7 130 employés et un chiffre d’affaires annuel de 1,56 milliard de francs, la SRG SSR est le plus grand groupe médiatique de Suisse. Mais même ce colosse tremble sous les coups de boutoir d’une politique d’austérité et d’une défiance croissante. L’avenir de 17 stations de radio, sept chaînes de télévision et de multiples sites Web est désormais suspendu à un fil, menaçant de laisser un vide culturel et informationnel conséquent.
