French-flag-politics
Le Premier ministre François Bayrou veut supprimer deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8-Mai, pour stimuler l'économie. La France se situe pourtant déjà sous la moyenne européenne en la matière.

La déclaration fracassante du Premier ministre, François Bayrou, visant à supprimer deux jours fériés – le lundi de Pâques et le 8-Mai – pour « que toute la nation travaille plus » en 2026, a mis le feu aux poudres. Cette mesure choc est censée renflouer les caisses de l’État, mais elle risque surtout d’appauvrir les Français et de les aligner sur les pays les moins généreux en Europe.

Contrairement aux mythes tenaces, la France, avec ses onze jours fériés, se situe déjà en dessous de la moyenne européenne (11,8 à 12,07 jours). Si la proposition de Bayrou se concrétise, notre pays rejoindrait le bas du classement, aux côtés de l’Allemagne, du Danemark et des Pays-Bas qui en comptent neuf.

La suppression de ces jours, dont le 8-Mai qui a déjà été source de controverses et de suppressions par le passé, est présentée comme une solution miracle pour le budget. Le gouvernement estime que cela rapporterait 4,2 milliards d’euros grâce au surcroît d’activité. Pourtant, le Medef, pourtant à l’origine de cette proposition, tablait sur un gain de croissance de 1% et 100 000 emplois, des chiffres déjà remis en question par des experts. L’Insee, plus mesurée, estime qu’un jour férié travaillé n’ajoute que 0,06 point de PIB, soit environ 1,6 milliard d’euros. Deux jours ne représenteraient donc qu’un maigre 0,12% de PIB supplémentaire, bien loin des espérances affichées.

Mais l’impact réel sur les travailleurs est le grand inconnu. Les salariés français, dont la majorité est rémunérée sur une base annualisée, ne verront aucune augmentation de salaire. Ils travailleront simplement plus pour la même paie. Seuls les intérimaires, payés à la journée, pourraient en tirer un maigre bénéfice. Cette mesure, qui rappelle la Journée de Solidarité, imposera aux entreprises une nouvelle contribution à l’État, sans pour autant soulager les ménages. Une perspective bien sombre pour le pouvoir d’achat déjà fragilisé des Français.