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La Syrie, sous Ahmed Al-Charaa, se tourne vers la Russie, non par choix, mais par une détresse grandissante face à l'insécurité et à la ruine économique. Une alliance temporaire et risquée.

La Syrie, sous la houlette de son nouveau président de transition, Ahmed Al-Charaa, se trouve dans une situation des plus précaires, contrainte de se tourner vers la Russie de Vladimir Poutine, l’ancien soutien inconditionnel de Bachar Al-Assad. Ce revirement, loin d’être un signe de réconciliation sincère, est plutôt le reflet d’une débâcle sécuritaire et économique que Damas ne peut plus ignorer. Les affrontements internes, l’escalade militaire israélienne avec des frappes incessantes, y compris sur la capitale, et une économie en ruine, ont plongé le régime d’Al-Charaa dans une spirale de vulnérabilité. La présence militaire russe, bien que controversée, semble être perçue comme un moindre mal, voire un bouclier précaire contre des interventions extérieures toujours plus menaçantes.

Nikita Smaguine, expert de la politique russe au Moyen-Orient, met en lumière le caractère éphémère de cette alliance forcée. Malgré l’accueil chaleureux réservé à Al-Charaa par Poutine, les accusations passées contre Moscou – notamment son soutien indéfectible à Al-Assad et la guerre menée contre l’opposition syrienne – ne sont pas oubliées. Les islamistes syriens, en particulier, conservent une hostilité farouche envers la Russie. Ce pragmatisme, dicté par la survie, masque mal les ambitions à long terme de Damas : un contrôle total de la Syrie, objectif directement compromis par la présence russe persistante sur le territoire.

Ce rapprochement s’annonce également comme un obstacle majeur à la sortie de l’isolement international de la Syrie. À peine Damas avait-elle retrouvé l’accès au système de paiements bancaires Swift, grâce à une levée partielle des sanctions occidentales, que cette collaboration avec une Russie lourdement sanctionnée risque de provoquer de nouvelles restrictions drastiques. L’instabilité chronique pousse Damas à des compromis dangereux, une fatalité temporaire qui pourrait perdurer tant que les problèmes économiques et sécuritaires du pays resteront sans solution tangible. La Syrie semble ainsi piégée dans un cycle infernal de dépendance et de précarité.