
La France se dirige vers une nouvelle crise : les taxis sont en colère et menacent de bloquer le pays. La cause de cette fureur ? Une réforme jugée catastrophique par la profession, qui risque de mettre à mal le transport sanitaire et, par extension, l’accès aux soins pour des milliers de patients. Malgré une soi-disant volonté de maîtriser les dépenses, l’Assurance maladie semble plonger le secteur dans une incertitude inquiétante.
Dès le 5 septembre, une nouvelle vague de mobilisation est annoncée par la Fédération Nationale du Taxi (FNDT). Dominique Buisson, son secrétaire général, n’y va pas par quatre chemins : cette action ne concerne pas seulement les taxis, mais aussi les assurés qui pourraient se retrouver sans solution de transport sanitaire. La situation est d’autant plus préoccupante que les précédentes protestations en mai et juin n’ont pas suffi à faire reculer le gouvernement.
La nouvelle convention, publiée discrètement au Journal officiel début août, est une véritable bombe à retardement. Elle harmonise les forfaits de prise en charge, certes, mais dissuade fortement les retours « à vide », pourtant essentiels à la rentabilité de nombreux chauffeurs. La FNDT estime que cette réforme pourrait entraîner une perte abyssale de 30% du chiffre d’affaires. Pendant ce temps, l’Assurance maladie se contente d’affirmer que cette mesure profitera à la majorité des taxis, tout en espérant réaliser 150 millions d’euros d’économies. Des économies qui, à en croire les chiffres du transport sanitaire (6,7 milliards d’euros en 2024, une hausse de 7%), semblent bien dérisoires face à l’ampleur du problème.
Les taxis sont devenus un pilier du transport de patients, représentant près de la moitié des coûts, bien loin des moins de 20% du début des années 2000. Pour Dominique Buisson, la faute n’incombe pas aux chauffeurs, mais à un système de santé défaillant où les patients multiplient les rendez-vous et sont contraints de parcourir de longues distances à cause de l’éloignement des centres de soins. Avec 85% des taxis impliqués dans le transport de patients, et pour certains, jusqu’à 80% de leur chiffre d’affaires dépendant de cette activité, la réforme menace de détruire des milliers d’emplois et de précariser une profession déjà sous pression. La réunion des fédérations de taxi demain déterminera l’ampleur du désastre et les prochaines actions, avec des blocages à Paris déjà envisagés.