
Le télétravail, autrefois perçu comme une bouffée d’oxygène, semble désormais engendrer une dérive inquiétante : l’explosion des pauses sportives en pleine journée de travail. Fini le présentéisme rigoureux, place à la course sur les quais de Seine à 15h, tandis que les bureaux restent désespérément vides. Un phénomène alarmant qui questionne la réelle productivité des cadres et le laxisme croissant du management post-Covid.
Près de trois quarts des cadres français pratiqueraient une activité sportive, et 39% des télétravailleurs estiment que ce mode d’organisation facilite grandement ces pratiques. Derrière ces chiffres se cache une réalité préoccupante : des employés s’octroyant des libertés considérables sur leur temps de travail, au détriment de leurs responsabilités professionnelles. Si certains prétendent « rattraper leurs heures », la tentation de la procrastination et de l’abus est grande, et le contrôle des employeurs s’avère de plus en plus difficile.
Ce « lâcher prise hiérarchique » favorisé par l’hybridation du travail mène à des situations ubuesques. Alors que des cadres s’adonnent à leurs loisirs en pleine après-midi, les entreprises doivent faire face à un manque de supervision criant, risquant de voir la productivité chuter et la cohésion d’équipe se désintégrer. L’isolement, le manque de lien social et les difficultés à séparer vie pro et vie perso sont déjà des fléaux du télétravail ; l’ajout de ces abus sportifs ne fait qu’aggraver un tableau déjà sombre.
Si le sport est bénéfique pour la santé, son intégration anarchique dans la journée de travail des cadres en télétravail soulève de sérieuses questions sur l’éthique professionnelle et l’efficacité des organisations. Les entreprises parviendront-elles à reprendre le contrôle face à cette nouvelle forme de relâchement généralisé ? Rien n’est moins sûr, d’autant que le marché du travail des cadres reste tendu, les rendant difficiles à recadrer.