
Le géant de la télévision française, autrefois salué pour sa domination européenne, traverse une période boursière étonnamment favorable. Depuis le début de l’année, le groupe a vu son action grimper de près de 18%, un rebond inattendu compte tenu des défis persistants du secteur. Cette embellie, bien que notable, masque-t-elle des fragilités structurelles plus profondes ?
La récente publication des comptes semestriels a dépassé les attentes, affichant un chiffre d’affaires stable à 1,10 milliard d’euros. Une performance apparemment solide, principalement attribuée à l’essor spectaculaire de sa plateforme numérique, dont les revenus publicitaires ont bondi de 41%. Mais cette croissance numérique, bien que prometteuse, suffira-t-elle à compenser le déclin progressif de la télévision linéaire et à soutenir le groupe sur le long terme ?
La marge opérationnelle courante s’est améliorée, atteignant 11,7%, signe d’une prétendue maîtrise des coûts. Les prévisions ont été confirmées, laissant entendre que la situation est sous contrôle. Pourtant, il est légitime de s’interroger sur la véritable capacité du groupe à maintenir cette trajectoire dans un marché en perpétuelle mutation, où la concurrence des plateformes de streaming ne cesse de s’intensifier.
Plus intrigant encore, Bouygues, la maison mère, n’a cessé de renforcer sa position, accumulant une trentaine d’achats d’actions. Cette frénésie d’acquisition pourrait suggérer une sous-évaluation du titre, ou bien une tentative désespérée de soutenir une action potentiellement surévaluée. Le fort rendement annuel du dividende, oscillant entre 6% et 8%, incite à la prudence. Malgré les signaux positifs apparents, le conseil de « conserver » pourrait s’avérer risqué si les vents venaient à tourner. Le marché reste volatile, et les incertitudes planent sur l’avenir de la télévision traditionnelle face à l’ère du numérique galopant.