
L’industrie cinématographique est face à une transformation radicale, non pas due aux géants du streaming, mais à l’impitoyable influence de TikTok. Ce réseau social, initialement perçu comme un simple divertissement pour adolescents, est devenu le maître incontesté de la promotion cinématographique, dictant le succès ou l’échec des productions au box-office. Une véritable dépendance toxique émerge, où l’engouement passager des jeunes utilisateurs supplante désormais l’avis des critiques établies, remettant en question la légitimité même de la presse culturelle.
Les chiffres sont alarmants : près de la moitié (47 %) des utilisateurs de TikTok aux États-Unis affirment découvrir des films récents via la plateforme, et un tiers (36 %) d’entre eux achètent un billet dans la foulée. Ce n’est plus une tendance, mais une mainmise implacable. L’industrie est contrainte de repenser ses stratégies de communication, s’agenouillant devant l’algorithme capricieux de TikTok. Les studios sont désormais forcés de créer du contenu spécifiquement conçu pour cette plateforme, des bandes-annonces tronquées aux défis viraux, pour tenter de capter une attention éphémère. Cela signifie des bandes-annonces plus courtes, des clips humoristiques, et l’intégration de mèmes pour tenter de s’adapter aux faibles durées d’attention des utilisateurs.
L’exemple de films dont la notoriété a explosé grâce à TikTok en France, comme « Le Consentement », n’est qu’une preuve de plus de ce **basculement de pouvoir**. Les adolescents, loin des salles de rédaction, sont devenus les véritables critiques et prescripteurs, influençant directement les recettes. Ce phénomène, bien que rapportant des succès ponctuels, soulève une question cruciale : le cinéma, dans sa quête désespérée de rentabilité, est-il en train de sacrifier son âme artistique sur l’autel des tendances éphémères de TikTok ? Le risque est grand de voir la qualité artistique reléguée au second plan, au profit de ce qui est simplement « tiktokable ».