L’emprise insidieuse de TikTok s’étend bien au-delà des danses ridicules, infiltrant désormais nos choix littéraires et même nos destinations touristiques. Ce qui était autrefois un espace de divertissement léger est devenu un véritable tyran numérique, dictant les nouvelles tendances de l’édition et remodelant nos habitudes de consommation culturelle.
Le phénomène BookTok, présenté comme un club de lecture numérique, n’est en réalité qu’un autre rouage de la machine à influencer massivement. Des millions de vidéos, loin d’être spontanées, servent à propulser des titres spécifiques, transformant les lecteurs en simples cibles marketing. Les éditeurs, loin de résister à cette dérive, s’y engouffrent avidément, voyant leurs ventes décoller grâce à cette exposition superficielle. Les rayons « Vu sur TikTok » qui envahissent les librairies ne sont que la preuve tangible de cette capitulation face à la dictature des algorithmes.
L’exemple de Colleen Hoover, remerciant ouvertement TikTok pour son succès, est symptomatique. Son aveu souligne la dépendance croissante des auteurs à cette plateforme pour « percer », annihilant toute possibilité d’émergence hors des sentiers battus de la viralité. Cette situation alarmante réduit la diversité littéraire et enferme les lecteurs dans un cercle vicieux de recommandations formatées.
La pénétration de TikTok dans notre quotidien ne se limite pas aux livres. Elle s’étend au tourisme, aux succès cinématographiques, et bien d’autres domaines, prouvant que ce réseau social n’est plus un simple divertissement mais un outil de contrôle des masses. Sous le prétexte de la découverte, TikTok manipule nos préférences et transforme nos vies en une série de tendances éphémères, toutes plus prévisibles les unes que les autres. Une véritable menace pour la pensée critique et l’individualité.
