
En France et dans de nombreux pays développés, des secteurs économiques entiers comme le BTP, l’hôtellerie-restauration ou le nettoyage, dépendent de manière alarmante des travailleurs étrangers. Moins rémunérés, souvent exploités, ces individus constituent la face cachée d’une économie florissante pour certains. Le livre « Le Travail migrant, l’autre délocalisation » de Daniel Veron met en lumière cette sombre réalité, dénonçant une véritable « appropriation du travail et des corps migrants » par le capital, profitant sans scrupule de leur vulnérabilité.
Le sociologue Daniel Veron révèle comment cette « délocalisation de l’emploi » se déroule quotidiennement sur notre propre territoire. Il explore l’histoire et la géographie de cette exploitation, qu’elle prenne la forme du travail illégal des sans-papiers ou du travail détaché, une sous-traitance internationale grandissante. L’auteur a rencontré des migrants boliviens, sénégalais, mexicains, ou encore des salariés détachés sur des chantiers français, tous confrontés au « huis clos du travail ».
Ces travailleurs, souvent marqués par le poids de l’exil, sont réduits à leur simple force de travail. Leurs droits sont bafoués, les conditions de travail dégradées, et toute tentative de faire valoir leurs voix est vaine. Cette situation déséquilibrée fait du travail migrant la cible privilégiée des stratégies capitalistes pour saper les institutions salariales, fragmenter l’emploi et fragiliser les acquis sociaux.
Veron s’inquiète : « le travail migrant est systématiquement au cœur des formes de précarisation des mondes du travail ». Il illustre cette dérive par l’intérim abusif, le temps partiel subi, l’ubérisation, ou encore la sous-traitance en cascade, qui sapent les droits syndicaux et facilitent les licenciements. Un tableau alarmant d’une société où la précarité devient la norme, et où les plus vulnérables paient le prix fort.







