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Le monde du travail, loin d'être épanouissant, devient une source de souffrance. Des experts dévoilent comment les stéréotypes et les transformations du marché de l'emploi brisent des vies.

Le monde du travail, loin d’être un havre d’épanouissement, se révèle souvent être un véritable champ de bataille pour la santé mentale et physique des individus. Dominique Lhuilier et Anne-Marie Waser, dans leur ouvrage Un travail désirable ? Conquérir sa place, lèvent le voile sur une réalité glaçante : l’activité professionnelle, bien que présentée comme source de bien-être, est de plus en plus « éprouvante pour la santé ».

L’étude, basée sur une vingtaine de récits poignants, met en lumière le quotidien de travailleurs en souffrance, privés d’emploi ou victimes d’un profond mal-être au sein de leur environnement professionnel. Cette souffrance au travail n’est pas un cas isolé, mais le symptôme d’un « travail empêché », dont les racines sont profondément ancrées dans des constructions sociales et des transformations structurelles alarmantes.

Les stéréotypes dévastateurs continuent de gangrener notre société, stigmatisant ceux qui peinent à s’intégrer ou à se maintenir dans l’emploi. Qualifiés d’« inemployables » ou d’« assistés », ces individus se voient attribuer des déficits rédhibitoires, qu’il s’agisse d’un manque de compétences, de motivation ou de problèmes de santé. Pourtant, l’ouvrage démontre avec force que cet empêchement est le fruit d’une construction sociale impitoyable. Les seniors sont brutalement mis au rebut en raison de leur âge, tandis que les femmes se voient encore assignées à la sphère domestique, rendant leur ascension professionnelle un parcours du combattant. Au-delà de ces discriminations flagrantes, le monde du travail connaît des mutations profondes, entraînant une précarisation généralisée des emplois et une fragilisation alarmante de la santé de tous.

Les entretiens menés par les chercheuses révèlent une vérité amère : nous sommes confrontés à des personnes non pas paresseuses, mais littéralement « cassées » par les évolutions impitoyables des organisations. Les employés sont réduits à de simples rouages, contraints de suivre des processus et des procédures déshumanisantes, sans que l’entreprise ne se soucie de leur intérêt ou de la manière de rendre leur travail stimulant. Les réflexions fondamentales sur le sens du travail ont tout simplement disparu, tandis que l’individualisation des tâches progresse à grands pas et que les espaces de dialogue et de régulation s’effondrent. Un constat accablant qui souligne l’urgence de repenser en profondeur notre rapport au travail avant que d’autres vies ne soient brisées.