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Cinq ans après les promesses d'Emmanuel Macron, les 'travailleurs essentiels' dénoncent un abandon et un mépris grandissant, leur reconnaissance n'étant qu'un lointain souvenir.

En avril 2020, alors que la France était plongée dans la crise du Covid-19, Emmanuel Macron saluait le dévouement des « travailleurs de la deuxième ligne », ces « essentiels » sans qui le pays ne tiendrait pas. Cinq ans plus tard, le tableau est bien sombre : la reconnaissance tant promise s’est transformée en un sentiment généralisé d’abandon et de mépris. Ces héros d’hier sont aujourd’hui les oubliés d’une société qui les rémunère et les considère toujours aussi mal. L’amertume grandit et la colère monte face à des efforts non récompensés et des espoirs brisés.

La fédération CFDT des services a tenté de relancer le débat avec l’ouvrage « Essentiels si essentiels », un cri d’alarme mêlant témoignages poignants et analyses. Les récits de ces travailleurs – agents de propreté, salariés de la grande distribution et bien d’autres – sont unanimes : ils se sentent relégués. « C’est le regard des autres qui nous fait nous sentir comme des salariés de seconde zone », confie Nelly, agent de propreté, résumant un mal-être profond et généralisé.

Le dévouement exemplaire affiché durant les confinements n’a pas été suivi d’actes concrets. L’amélioration des salaires et des conditions de travail, qui semblait une évidence il y a cinq ans, n’est qu’un lointain souvenir. Yann, employé de la grande distribution, l’affirme sans détour : « On garde de cette période un grand sentiment d’injustice, qui se transforme aujourd’hui en colère parce que nous sommes socialement maltraités ». La maltraitance sociale dont ils se disent victimes résonne comme un aveu d’échec pour les politiques et les employeurs qui n’ont pas su ou voulu honorer leurs engagements.