
Donald Trump a lancé un assaut frontal contre l’intégrité du recensement américain, exigeant que les «personnes présentes illégalement» aux États-Unis soient exclues du prochain décompte. Cette manœuvre, loin d’être anodine, s’inscrit dans une stratégie alarmante visant à manipuler la carte électorale et à consolider le pouvoir républicain, quitte à bafouer les principes constitutionnels.
La Constitution américaine est pourtant claire : le recensement décennal doit inclure «l’ensemble des personnes dans chaque État», sans distinction. Ignorant superbement cette disposition fondamentale, Trump a ordonné à son ministère du Commerce de préparer un recensement expurgé, affirmant sur Truth Social que les immigrés sans papiers «NE SERONT PAS PRISES EN COMPTE». Un coup de force qui révèle une volonté manifeste de falsifier les données démographiques à des fins partisanes.
Les enjeux de cette réforme sont colossaux. Le recensement détermine non seulement le nombre de membres du collège électoral pour l’élection présidentielle, mais aussi la représentation de chaque État au Congrès. Une étude du Pew Research Center en 2020 avait déjà montré les conséquences désastreuses d’une telle exclusion : la Californie, le Texas et la Floride, des États clés, auraient perdu un siège au Congrès, faussant ainsi l’équilibre politique.
Cette nouvelle attaque fait écho aux tentatives passées de Trump d’introduire une question sur la citoyenneté, retoquée par la Cour suprême. Aujourd’hui, certains conservateurs appellent même à un nouveau recensement immédiat, prétextant que celui de 2020 fut «foiré». Cette offensive s’inscrit dans une logique de «gerrymandering», où Trump exerce une pression intense sur les responsables républicains pour redécouper les circonscriptions électorales en leur faveur. À l’approche des élections de mi-mandat de 2026, où le parti au pouvoir est souvent affaibli, cette tactique cynique vise à s’assurer une majorité, même au prix d’une démocratie affaiblie et d’un déni de la réalité démographique américaine.