
L’administration Trump, dans une démarche digne d’un énième coup de communication, a lancé la « Mission Genesis », un projet ambitieux censé révolutionner la recherche scientifique grâce à l’intelligence artificielle. Mais derrière les promesses de « découvertes incroyables » et d’« avancées majeures », se dessine l’ombre d’une initiative coûteuse et potentiellement vaine, dont les véritables bénéfices pour le public restent incertains.
Le décret présidentiel, signé lundi, vise à démultiplier les capacités gouvernementales en IA. L’objectif officiel est de créer une plateforme capable de puiser dans l’ensemble des données scientifiques publiques pour développer de nouveaux modèles d’IA, automatiser la recherche et tester des hypothèses. Une ambition louable en apparence, mais la Maison-Blanche est restée étrangement muette sur les moyens alloués à cette initiative, laissant planer un doute sur sa réelle faisabilité.
Parmi les partenaires cités, on retrouve les géants du secteur tels que Nvidia, AMD, Dell et HPE. Des collaborations avec le secteur privé et des unités de recherche universitaires sont également évoquées, mais la dépendance du gouvernement envers des opérateurs privés pour la construction d’infrastructures cloud majeures soulève des questions sur la souveraineté des données et le contrôle futur de cette plateforme. L’annonce d’Amazon Web Services (AWS) d’investir massivement dans des centres de données dédiés à l’IA pour le gouvernement américain, sans lien confirmé avec Genesis, ajoute à la confusion.
Confier la conduite du projet au ministère de l’Énergie, sous l’égide duquel se trouvent des laboratoires ayant un passé lié aux armes atomiques, et nommer un ancien cadre d’IBM à sa tête, ne fait qu’accentuer le sentiment d’une entreprise aux motivations floues. Les promesses de « nouvelles sources d’énergie » et d’« avancées incroyables dans les sciences du vivant » sont des leurres classiques pour justifier des investissements massifs, sans garantie de résultats concrets pour le citoyen.
En définitive, la « Mission Genesis » semble davantage relever d’une opération de prestige que d’une réelle volonté de progrès. Un coûteux pari sur l’IA qui risque de s’enliser dans les méandres bureaucratiques et les intérêts privés, laissant derrière lui une nouvelle désillusion technologique.







