
Face à l’explosion alarmante des troubles psychiatriques chez les jeunes, l’hôpital de Ville-Évrard à Neuilly-sur-Marne tente de répondre à l’urgence avec sa nouvelle unité GAJA (Grands Adolescents Jeunes Adultes). Ouverte le 16 juin, cette structure prône une hospitalisation libre, loin des contraintes souvent associées à la psychiatrie. Mais derrière cette initiative louable se cache une réalité préoccupante : seulement six lits disponibles pour l’instant, douze à terme, face à une demande qui ne cesse de croître.
Les adolescents et jeunes adultes, âgés de 16 à 25 ans, se retrouvent souvent dans un entre-deux : trop âgés pour la pédopsychiatrie, mais trop fragiles pour les services adultes. Leurs sourires forcés et leurs regards fuyants en disent long sur leur détresse profonde, illustrant une crise de la santé mentale juvénile qui s’aggrave sans cesse en France. La pandémie de COVID-19 n’a fait qu’exacerber ce phénomène, avec une augmentation notable des recours aux urgences pour troubles de l’humeur et idées suicidaires.
L’objectif affiché de maintenir un lien étroit avec le lieu de résidence des patients, bien que louable, semble insuffisant face à l’ampleur du problème. La psychiatrie française, déjà sous-financée, peine à offrir des solutions adéquates. Si Ville-Évrard se spécialise désormais sur cette tranche d’âge pour une prise en charge plus adaptée, la question demeure : cette initiative, aussi nécessaire soit-elle, parviendra-t-elle à endiguer la vague de souffrance psychologique qui submerge notre jeunesse ? La cohabitation des jeunes patients avec des adultes plus âgés dans d’autres unités posait déjà problème, soulignant le manque criant de structures spécifiques. Ce pas en avant est un aveu de l’échec global du système à anticiper et à gérer cette crise sanitaire silencieuse qui ronge la jeunesse française.