
Le géant industriel français Urgo, autrefois simple fabricant de pansements, s’apprête à une expansion controversée. L’annonce de la construction d’une nouvelle usine à Andrézieux-Bouthéon, dans la Loire, est présentée comme un pas vers le leadership mondial des bandes de compression médicale. Un investissement de 60 millions d’euros d’ici 2029 est censé créer « 200 emplois directs et 115 indirects à horizon 10 ans », un chiffre qui semble bien modeste au vu des enjeux.
Cette démarche, proclamée par Guirec Le Lous, petit-fils du fondateur, vise à consolider une production « 100 % française » face à la mondialisation. Pourtant, l’héritage de l’entreprise est entaché par des révélations sur des cadeaux illicites offerts aux pharmaciens, une affaire qui a même éclaboussé l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Firmin Le Bodo. Ce passé sulfureux jette une ombre sur les ambitions affichées.
Malgré ces controverses, Urgo a triplé son chiffre d’affaires en une décennie, atteignant 890 millions d’euros en 2024, dont la moitié à l’international. L’entreprise, présente dans plus de 60 pays et forte de 3 800 employés, fabrique plus de 80 % de ses produits en France. Son développement ne se limite pas aux pansements, mais s’étend aux produits de santé du quotidien et aux traitements médicaux des plaies, où elle est déjà numéro deux mondial pour les bandes de compression.
Le futur complexe de 35 000 mètres carrés, qui a bénéficié de 600 000 euros de subventions publiques, promet d’intégrer production de pointe et logistique de distribution. Cependant, ces avancées technologiques, incluant la technologie laser et un projet de production de peau artificielle, ne suffisent pas à dissiper le malaise laissé par les pratiques douteuses du groupe. L’expansion d’Urgo, bien que présentée comme une victoire industrielle, rappelle que derrière les chiffres se cachent parfois des réalités bien moins glorieuses.






