
La Direction générale des Finances publiques (DGFiP) est secouée par une série noire de suicides. Depuis le début de l’année, pas moins de treize agents se sont donné la mort et huit autres ont tenté de le faire. Ce chiffre alarmant, révélé par la CGT et confirmé par la DGFiP elle-même, représente autant de drames qu’en toute l’année 2024, soit deux fois la moyenne nationale. Ces tragédies frappent toutes les catégories d’âge et toutes les régions, soulignant une crise profonde et généralisée au sein de l’administration.
Le choc initial remonte à janvier, avec la découverte macabre d’un jeune inspecteur pendu dans le hall d’accueil de son centre à Saint-Denis. Un événement d’autant plus glaçant que ses parents sont également agents des finances publiques. Ce drame n’était que le prélude à une spirale de désespoir.
Face à cette situation, la direction de la DGFiP, par la voix d’Amélie Verdier, se contente d’admettre des « chiffres préoccupants » sans en minimiser l’ampleur. Cependant, cette reconnaissance est jugée insuffisante par les syndicats. Ces derniers dénoncent depuis des années une « machine à broyer » les agents, résultant de suppressions massives d’emplois – plus de 30 000 en quinze ans – et de réorganisations incessantes.
Les conditions de travail se sont dégradées, marquées par une surcharge et une pression croissante. Les syndicats évoquent un mal-être profond, des situations de harcèlement, un manque de reconnaissance et une quête de sens perdue pour ces fonctionnaires. L’administration est accusée de renvoyer systématiquement la responsabilité de ces suicides à une « fragilité individuelle », se dégageant ainsi de toute obligation.
Malgré les appels à l’action et la reconnaissance judiciaire du harcèlement moral institutionnel dans d’autres affaires, la DGFiP peine à mettre en place une véritable politique de prévention des risques psychosociaux. Une réunion entre syndicats, ressources humaines et psychiatres est prévue, et une enquête systématique sera menée en cas de suicide. Des mesures qui semblent bien tardives face à l’ampleur du désastre humain.