Valery-Giscard-dEstaing
Valéry Giscard d’Estaing, obsédé par l'art classique, a lutté pour imposer sa vision culturelle, allant jusqu'à rejeter Beaubourg. Ses grands travaux, loin d'être une prouesse, sont une critique cinglante de sa modernité.

Valéry Giscard d’Estaing, président aux goûts artistiques résolument classiques, a marqué son septennat par une série de « grands travaux » qui, loin d’être un signe de modernité, révèlent surtout une lutte acharnée contre l’héritage de son prédécesseur. Si l’aéroport de Roissy, symbole de la puissance gaullienne, semble avoir échappé à ses détracteurs, les choix culturels de Giscard, eux, ont suscité de vives controverses.

Son accession à l’Élysée en 1974 fut le signal d’une tentative désespérée de freiner le projet du Centre Pompidou, dont l’architecture le « horrifierait ». Il fallut l’insistance de Jacques Chirac pour que cette audace architecturale, pourtant voulue par Georges Pompidou, ne soit pas enterrée. Ironiquement, ce sont des projets comme la transformation de la gare d’Orsay en musée d’art du XIXe siècle, ou encore la réhabilitation des abattoirs de la Villette pour une Cité des sciences, qui verront le jour sous son égide.

Ces initiatives, bien que présentées comme des avancées, apparaissent plutôt comme une forme de repli sur un passé jugé plus sûr, une incapacité à embrasser pleinement la modernité artistique. Le musée d’Orsay, loin d’être un projet audacieux, est né d’un désir de créer un « anti-Beaubourg », un refuge pour l’art académique face à la provocation contemporaine. La politique culturelle de Giscard, souvent perçue comme un recul, a eu pour effet pervers de mettre en lumière son aversion pour une certaine forme de création, entachant son image de président « moderne » d’une suspicion de conservatisme culturel. Un héritage mitigé, où les tentatives de maîtriser le paysage urbain se sont heurtées à une vision artistique trop rigide.