
Longtemps perçu comme une simple excentricité, le végétarisme s’impose désormais, mais non sans son lot de controverses et de désillusions. Si l’on nous vante ses bienfaits écologiques, l’histoire révèle une motivation bien plus primaire : la santé. Pourtant, le tableau est loin d’être idyllique.
Valérie Chansigaud, historienne des sciences et de l’environnement, met en lumière une réalité souvent occultée : l’abstinence de viande était, dès la Renaissance, associée à une quête de bien-être, teintée par l’influence chrétienne qui condamnait les excès. Manger de la viande était alors synonyme de débauche, une vision archaïque qui résonne étrangement avec les discours alarmistes actuels sur la surconsommation.
Pourtant, malgré l’engouement, le végétarisme est loin d’être la panacée annoncée. L’idée que ce régime serait une formule magique garantissant une santé parfaite est une illusion. Les carences, notamment en ferritine, vitamine B12 et oméga 3, sont des risques avérés si le régime n’est pas scrupuleusement équilibré.
Quant à l’argument environnemental, il est souvent survendu. Certes, l’élevage intensif est une catastrophe écologique, responsable d’une part non négligeable des gaz à effet de serre et d’une consommation d’eau effarante. Mais la solution n’est pas aussi simple que de troquer une côte de bœuf contre une salade. Un régime végétarien basé sur des produits ultra-transformés, importés et issus de cultures conventionnelles peut s’avérer tout aussi dévastateur pour l’environnement. Le véritable défi réside dans une agriculture durable et locale, bien au-delà du simple choix alimentaire. La promesse d’un monde meilleur par le seul fait de manger des légumes est une simplification dangereuse qui masque des problèmes systémiques profonds.