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Le marché de la philatélie s'emballe avec des ventes aux enchères atteignant des sommes astronomiques, rendant la collection inaccessible aux budgets modestes et creusant un fossé alarmant.

Quatre maisons parisiennes spécialisées dans les ventes sur offres s’apprêtent à déchaîner les passions des philatélistes, mais à quel prix? Le marché s’envole, laissant les collectionneurs modestes sur le carreau face à des sommes exorbitantes pour de simples morceaux de papier. Une tendance alarmante qui creuse un fossé béant entre l’élite fortunée et les passionnés à budget limité.

Chez Le Timbre classique, la vente qui se clôture le 23 septembre expose des trésors inaccessibles. Un franc vermillon foncé, un simple timbre du XIXe siècle, est affiché à 6 000 euros. Une lettre de 1854 pour La Réunion atteint 4 000 euros. Ces prix démesurés reflètent une spéculation effrénée qui gangrène le monde de la philatélie, transformant un loisir en investissement pour quelques privilégiés. Même les défauts d’impression, ces « variétés », deviennent des pépites hors de prix, comme ce « Peynet-La Saint-Valentin » sans valeur faciale à 6 500 euros, un comble !

La maison Roumet n’est pas en reste, avec une paire « tête-bêche » du Second Empire mise à prix à 200 000 euros. C’est une somme absolument faramineuse pour un timbre, qui éclipse même un autre vermillon vif à 50 000 euros. Les « classiques » de France sont également la chasse gardée de La Postale Philatélie, qui propose une lettre de 1851 pour le Mexique à 65 000 euros et un bloc de neuf du 20 centimes bleu « Cérès » non émis, avec tête-bêche, également à 65 000 euros. Des sommes qui donnent le vertige et rappellent la crise de l’accessibilité qui frappe ce milieu.

Behr, enfin, enfonce le clou avec un bloc de quatre du 1 franc vermillon dans sa teinte « vervelle » à 225 000 euros, et un « Black Penny » à 185 000 euros. Ces chiffres démontrent une déconnexion totale avec la réalité économique de la majorité des collectionneurs. Alors que les timbres de Jérôme Mesnager ou Edouard Bénédictus sont proposés à quelques euros, ces ventes aux enchères confirment une triste vérité: la philatélie est en passe de devenir un luxe réservé à une élite, excluant de facto la majorité des passionnés.