
Dans la luxueuse station de Verbier, autrefois paradis des nantis, une initiative populaire de 2012 visant à plafonner les résidences secondaires à 20 % a semé le chaos, transformant un eldorado immobilier en un marché sous haute tension. Ce qui fut jadis une source de richesse et de prospérité pour le Valais se mue aujourd’hui en un véritable casse-tête pour les acteurs locaux.
Marcus Bratter, propriétaire avisé de plusieurs établissements à Verbier, a dû naviguer dans cette tempête législative. Il admet, treize ans après, avoir soutenu cette initiative impopulaire, conscient des dérives d’une construction effrénée. Pourtant, à l’époque, le silence était d’or : s’exprimer aurait signifié défier l’industrie de la construction, un pilier économique local, et risquer l’ostracisation. La commune de Val de Bagnes, avec 55 % de résidences secondaires, illustre l’ampleur du problème, un chiffre bien supérieur à Verbier même, où 3 000 résidents permanents côtoient 35 000 en pleine saison hivernale.
La loi fédérale sur les résidences secondaires, adoptée en mars 2015, a bouleversé les règles du jeu. Si les constructions existantes avant mars 2012 sont épargnées, les nouvelles initiatives sont drastiquement limitées. Les propriétaires étrangers, bien que toujours autorisés à acquérir des biens, doivent faire face à des quotas et des restrictions de taille, souvent limités à une seule propriété et sous conditions de revente. Ce marché autrefois florissant, caractérisé par une demande élevée et une exclusivité sans bornes, est désormais contraint par des régulations strictes qui freinent son expansion.
L’acceptation de cette initiative a eu l’effet d’une bombe dans les régions touristiques suisses, forçant une réorientation vers un « tourisme de services » plutôt qu’un « tourisme de construction ». Mais la transition est rude, et les tensions persistent. Verbier, malgré son charme indéniable et son statut de destination de luxe, doit désormais jongler avec les conséquences d’une législation qui, bien que visant à préserver le paysage, menace l’équilibre économique délicat de la région, transformant l’investissement immobilier en un pari risqué.