Face à des pensions de retraite misérables et au désir obstiné de rester chez soi, le viager est devenu l’ultime recours pour de nombreux seniors. Une solution qui, bien que séculaire, révèle aujourd’hui la précarité croissante des personnes âgées, contraintes de liquider leur patrimoine pour survivre. Loin d’être une simple transaction, le viager expose une réalité économique sombre et des choix souvent faits sous contrainte.
Autrefois réservé aux plus de 70 ans, les vendeurs rajeunissent de manière alarmante. Des professionnels constatent que des sexagénaires se tournent désormais vers cette option, acceptant une décote substantielle de leur bien en raison de leur espérance de vie. C’est le signe clair d’une détresse financière qui pousse les seniors à prendre des décisions hâtives, sacrifiant une part significative de leur capital futur pour un soulagement immédiat.
Le fonctionnement est simple mais implacable : un capital initial, le « bouquet », et une rente mensuelle garantissent au vendeur (le crédirentier) de rester chez lui jusqu’à son décès. Mais cet arrangement ne masque pas la réalité d’une dépossession progressive. Le senior se décharge certes des gros travaux et de la taxe foncière, mais il cède son bien à un acheteur (le débirentier) qui attend patiemment sa disparition pour en prendre possession. C’est une épée de Damoclès financière suspendue au-dessus de leur tête.
Des couples comme les B., sans héritier direct et avec des retraites dérisoires, sont contraints de se tourner vers cette solution, transformant leur maison en une source de revenus incertaine. Leur vente de 225 000 euros se traduit par un modeste bouquet de 25 000 euros et une rente mensuelle de 526 euros, une somme qui peine à masquer la perte de la pleine propriété. Le viager, souvent présenté comme une opportunité, est en réalité le reflet d’une société qui abandonne ses aînés à des choix cornéliens.
