russian-soldiers-health
Le VIH explose au sein de l'armée russe, avec des cas multipliés par vingt fin 2023. Transfusions douteuses, pratiques sexuelles non protégées et drogues en sont la cause. La Russie, déjà touchée, voit sa situation empirer.

La guerre en Ukraine révèle une crise sanitaire dramatique : le VIH ravage les rangs de l’armée russe. Un rapport de Carnegie Politika, basé sur des données du ministère de la Défense, révèle que les nouveaux cas de VIH ont été multipliés par vingt fin 2023 par rapport à l’avant-guerre. Les calculs ukrainiens, basés sur les soldats capturés, suggèrent même que 20% des troupes russes pourraient être séropositives. Un scandale inévitable.

Cette flambée catastrophique s’explique par des pratiques alarmantes sur le front. Les transfusions sanguines à répétition et la réutilisation de seringues dans les hôpitaux de campagne sont des vecteurs majeurs. Mais la débauche joue aussi un rôle sordide : rapports sexuels non protégés, notamment avec des prostituées, et le partage de seringues pour la consommation de drogues. Des pratiques malheureusement courantes dans une armée où chaque jour est perçu comme le dernier.

La Russie, déjà un épicentre mondial du SIDA avec 1,1 million de cas enregistrés, voit sa situation empirer. Le pays figure parmi les cinq nations avec les taux d’infection les plus élevés, et les chiffres réels sont probablement bien pires en raison du sous-diagnostic et des données fragmentaires. Chaque année, des dizaines de milliers de Russes en âge de travailler succombent au SIDA, une tragédie souvent ignorée. L’Onusida affirme que la Russie représente 4% des infections mondiales en 2021, malgré une population bien plus faible. Une accusation qualifiée de «propagande» par Moscou, un déni affligeant.

Les causes de cette régression sont profondément politiques. L’interdiction des traitements de substitution pour les opiacés et l’élimination de l’éducation sexuelle dans les écoles sont des décisions qui condamnent des milliers de vies. Des lois discriminatoires visant les «agents étrangers» ont forcé la fermeture de nombreux groupes de prévention du VIH, et la fondation Elton John AIDS a été déclarée «indésirable». Pire encore, les centres de soin et de dépistage du VIH ont pratiquement disparu des régions occupées de l’Ukraine. Une catastrophe humaine que le Kremlin refuse de voir.