
Alors que la précarité ronge le secteur des VTC, une nouvelle illusion de stabilité émerge : les coopératives d’activité et d’emploi (CAE). Présentées comme une bouée de sauvetage, elles attirent des centaines de chauffeurs, à l’image de Mohamed Kerfalla Camara, désabusé par les complexités de l’indépendance. Il témoigne d’un modèle qui, derrière la promesse d’une fiche de paie et d’une mutuelle, cache des commissions salées et une autonomie illusoire.
Depuis un an, ces CAE se multiplient, surfant sur le désarroi des chauffeurs. Incom, lancée par les fondateurs de l’application Comin, et Stairling, pionnière dans le secteur avec 1 200 adhérents, proposent toutes la même rengaine : rester indépendant tout en bénéficiant d’une « vraie protection sociale ». Mais à quel prix ? Les revenus des chauffeurs transitent par ces coopératives qui, après avoir prélevé entre 10 et 15 % de commission, les redistribuent en salaire. Une manne financière pour les CAE, un maigre avantage pour des chauffeurs qui pensent échapper à l’enfer de l’auto-entreprise.
Dany El Oubari et Victor Feuillat, cofondateurs d’Incom, tentent de masquer la réalité derrière des calculs savants : « Si le chauffeur nous fournit un grand nombre de notes de frais professionnels et déclare des indemnités kilométriques, il peut toucher entre 70 et 80 % de son chiffre d’affaires, au lieu de 55 % ou 60 % avec son statut actuel. » Une rhétorique qui masque mal la dépendance accrue et les profits mirobolants engrangés par ces intermédiaires qui prospèrent sur le dos de la misère des VTC. Les chauffeurs, à la recherche d’une sécurité illusoire, se retrouvent piégés dans un système où les promesses de salaires supérieurs se heurtent à une réalité économique toujours plus sombre.







