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Le festival parisien We Love Green passe sous le contrôle majoritaire d'AEG Presents France et du groupe Combat de Matthieu Pigasse, soulevant des inquiétudes sur son indépendance et son identité.

Le festival parisien We Love Green, autrefois symbole d’indépendance et d’engagement écologique, est désormais majoritairement sous le contrôle d’AEG Presents France, le tentaculaire géant américain des concerts, et du groupe Combat de Matthieu Pigasse. Cette acquisition, officialisée le 23 juillet 2025, voit 80 % des parts du festival passer sous leur domination, marquant une perte d’autonomie significative pour l’événement créé en 2011.

Ce rachat intervient dans un climat de fragilité pour le secteur des festivals français. Selon le Centre national de la musique, près de la moitié des festivals affichaient un déficit en 2024, malgré des taux de remplissage souvent élevés. L’inflation des cachets d’artistes et la hausse des coûts de production pèsent lourdement, poussant les festivals vers des consolidations qui menacent leur diversité et leur ligne éditoriale unique.

Alors que Marie Sabot, fondatrice du festival, et Emmanuel de Buretel conservent une minorité de 20 % des parts, avec une option de rachat dans les deux ans, l’avenir de We Love Green est désormais intrinsèquement lié aux ambitions expansionnistes d’AEG Presents et de Combat, déjà co-propriétaires de Rock en Seine. Cette manœuvre est présentée comme une stratégie pour « amplifier son impact » et se « développer à l’international », mais elle soulève des questions sur la préservation de l’identité et des valeurs profondes d’un festival qui se targuait d’une approche « écologique et responsable ».

Le discours de Matthieu Pigasse sur la lutte contre la « droite radicale » et la préservation d’un « espace libre » pour la culture sonne creux face à une telle concentration du pouvoir. L’acquisition de We Love Green par des conglomérats majeurs pourrait, à terme, standardiser l’offre festivalière et diluer l’innovation qui faisait jadis la renommée de l’événement. Le public, qui débourse des sommes croissantes pour les billets, verra-t-il la qualité et l’originalité des festivals sacrifiées sur l’autel de la rentabilité ?