
Le ZEvent 2025, présenté comme un événement caritatif majeur, soulève des questions sur son accessibilité et l’impact réel des petits streamers. Si l’édition 2016 ne comptait que seize participants, l’édition actuelle a été gonflée à 321 streamers. Pourtant, la majorité reste en marge, contrainte de participer à distance, loin des projecteurs de Montpellier. Cette expansion n’est-elle qu’une façade pour masquer une centralisation élitiste ?
Des figures comme Monsieur Fox, avec ses 18 000 abonnés, et Antistar, suivi par près de 14 000 personnes, incarnent cette exclusion. Malgré leur engagement, ils sont relégués à des participations à distance, loin de la visibilité des « personnalités du web ». Monsieur Fox admet même ne pas être « à l’aise de streamer autour de gens que [qu’il ne connaît pas] », soulignant la pression et le malaise ressentis par ces participants de seconde zone. Antistar partage ce sentiment, se sentant « assez éloigné du prototype du streamer qui fait du spectacle ». Est-ce là l’image d’un événement réellement inclusif ou celle d’une hiérarchie impitoyable ?
Les objectifs de cagnottes, supposés stimuler l’engagement, semblent plutôt accentuer la pression. Monsieur Fox vise 3 000 euros, un montant qui, bien que louable, reste dérisoire face aux sommes colossales souvent associées au ZEvent. Ces streamers se retrouvent à devoir relever des défis pour des montants modiques, tandis que les grandes figures captent l’essentiel de l’attention et des dons. La belle promesse du ZEvent ne serait-elle qu’une exploitation de la bonne volonté des petits créateurs pour gonfler des chiffres globaux, tout en maintenant une structure fondamentalement inégalitaire ?
Alors que Monsieur Fox espère donner de la visibilité à son travail de sensibilisation contre la pédophilie, et qu’Antistar souhaite simplement « apporter sa pierre à l’édifice », on ne peut s’empêcher de se demander si leur participation ne sert pas davantage l’image du ZEvent que les causes qu’ils défendent. L’événement, malgré sa visée caritative, semble reproduire les dynamiques de pouvoir et d’exclusion propres au monde du streaming, laissant les petites structures dans l’ombre des mastodontes.